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Été 2022 (Volume 32, numéro 2)

Rhumatologue émérite de la SCR en 2022 : Dr John G. Hanly

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Pourquoi êtes-vous devenu rhumatologue? Quels sont les facteurs ou quelles sont les personnes qui vous ont inspiré à entreprendre cette carrière?
J’ai décidé de devenir rhumatologue en grande partie grâce à l’influence du professeur Barry Bresnihan, avec qui j’ai travaillé pendant deux ans (1982-1984) à Dublin, en Irlande. Il a été mon modèle, et, en tant que mentor, il m’a épaulé tout au long de ma carrière. Résolument engagé et décidé à faire progresser la prise en charge des patients atteints de maladies rhumatismales grâce à la recherche, il a surmonté d’importants défis professionnels au cours de sa carrière. De plus, il a inspiré et encouragé un groupe de fellows en rhumatologie à poursuivre une carrière universitaire, et la plupart d'entre eux ont ensuite établi des programmes de recherche indépendants en Irlande ou à l’étranger. Sur une note personnelle, c’était également quelqu’un de très drôle et il m’a traité d’égal à égal malgré notre différence d’ancienneté.

Né en Irlande et après avoir obtenu votre diplôme de médecine à la National University of Ireland en 1978, vous avez commencé votre carrière médicale à Dublin où vous avez pris part à une recherche académique de deux ans en rhumatologie avec le professeur Barry Bresnihan, à Dublin également. Celle-ci était axée sur l’efficacité clinique et les effets immunomodulateurs de l’irradiation lymphoïde totale chez les patients présentant une polyarthrite rhumatoïde grave. En 1984, vous avez émigré au Canada et avez entrepris une formation clinique postdoctorale en rhumatologie et en immunologie à l’Université de Toronto et à l’Université McMaster.

a) D’où viennent votre passion et votre intérêt pour la rhumatologie?

Notre spécialité présente de nombreux attraits, tant d’un point de vue clinique que scientifique. Nous pouvons en effet être amenés à traiter une diversité de types et de formes de maladies cliniques; et nous avons également la possibilité d’établir un lien entre des observations scientifiques fondamentales et le patient, et de traduire une science fondamentale en traitements concrets, par exemple.

b) Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours professionnel de l’Irlande au Canada et sur les raisons de votre installation au Canada?
Lorsque j’ai quitté l’Irlande en 1984, il était habituel de poursuivre une formation vers une sous-spécialité à l’étranger, soit au Royaume-Uni, soit en Amérique du Nord. Mon frère jumeau, qui est pneumologue, avait déménagé au Canada quelques années plus tôt. Voilà donc une première raison. En outre, ma femme (également médecin) et moi avions également la possibilité de travailler au Canada, à l’Université McMaster et à l’Université de Toronto, respectivement.

En plus de vos activités cliniques et d’enseignement, vous êtes également un chercheur clinique respecté. En tant que chercheur, vous bénéficiez, depuis 2002, d’un financement continu, approuvé par les pairs, des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). Vous vous êtes concentré sur l’étude des mécanismes pathogènes du lupus érythémateux disséminé (LED) et de leurs résultats cliniques. Vos travaux les plus importants portaient sur les effets du lupus sur le cerveau et d’autres parties du système nerveux. Votre dossier de publication sur le lupus neuropsychiatrique est reconnu à l’échelle internationale. Pouvez-vous nous en dire plus sur vos recherches et sur leur incidence sur notre compréhension du LED et de ses répercussions pour les patients?
Ma décision de me concentrer sur le lupus du système nerveux au début de ma carrière a été quelque peu fortuite. J’ai en outre bénéficié du soutien de mes collègues pendant ma formation et dans mon établissement d’origine à Halifax. Mes premiers travaux ont favorisé la compréhension des mécanismes pathogénétiques et de l’évolution clinique du dysfonctionnement cognitif, l’une des formes les plus courantes de lupus du système nerveux. Au cours des 20 dernières années, j’ai pu étendre ces travaux à une vaste cohorte initiale internationale de patients atteints d’un LED. Ces efforts ont bénéficié d’un financement à long terme de la part des IRSC, ont donné lieu à plusieurs publications très médiatisées et ont favorisé de nombreuses collaborations avec des collègues du Canada et du monde entier. Pour les patients, nous avons constaté que seuls 30 % de tous les événements liés au système nerveux chez ceux atteints d’un LED sont attribuables au lupus; l’issue de ces événements est généralement très favorable, et nous progressons régulièrement dans la compréhension des effets du lupus sur le cerveau et d’autres parties du système nerveux.

Au niveau international, vous êtes l’ancien président des Systemic Lupus International Collaborating Clinics (SLICC), un réseau international de chercheurs sur le lupus dans 16 pays. Grâce à votre appartenance continue à des réseaux nationaux et internationaux menant des études cliniques sur lupus, vous êtes toujours un acteur productif dans ce domaine. Comment cette collaboration internationale a-t-elle contribué à façonner le domaine de la rhumatologie, et en particulier du LED, ici et ailleurs?
Le LED est une maladie relativement rare, d’où l’importance de la recherche collaborative pour avancer. Les centres canadiens membres des SLICC ont apporté une contribution considérable en dirigeant l’organisation, en défendant des projets de recherche individuels et en remettant en question le recrutement de patients. Au cours des trente dernières années, la réussite collective des SLICC a largement dépassé les avancées potentielles de chaque centre SLICC. Les connaissances acquises ont permis d’améliorer la prise en charge des patients atteints d’un LED.

Quel est le défi organisationnel et professionnel le plus important auquel vous avez été confronté. Et comment êtes-vous parvenu à le surmonter?
Tous les cliniciens-chercheurs sont confrontés à la difficulté de consacrer du temps à leurs travaux de recherche tout en s’acquittant de leurs autres responsabilités cliniques et universitaires. La bienveillance de leurs collègues locaux, un environnement universitaire favorable, une conviction et un engagement inébranlables envers la mission sont les clés de la réussite.

Quels changements majeurs dans le paysage de la rhumatologie avez-vous observés au cours de votre carrière?
J’ai assisté à l’émergence de nouvelles modalités diagnostiques et thérapeutiques dans l’avancement des soins cliniques et j’ai constaté l’importance de la collaboration en matière de recherche, en tant qu’élément clé des progrès et de la réussite scientifiques.

Selon vous, à quels défis les rhumatologues canadiens seront-ils confrontés à l’avenir? Et que la SCR et ces rhumatologues peuvent-ils faire pour les relever?
Dans la pratique clinique, le fardeau administratif lié à l’accès des patients aux nouveaux médicaments ne cesse d’augmenter. Les postes de clinicien-chercheur dans les centres universitaires de rhumatologie n’ont pas suivi le rythme de l’augmentation des ressources en rhumatologie et le financement « ferme » de ces postes diminue. La SCR prend fait et cause pour la profession sur ces deux questions.

Vous avez été distingué par de nombreux prix saluant vos avancées dans la recherche sur le lupus, notamment le prix Edmund L. Dubois Memorial Award de l’ACR, le Prix du chercheur émérite de la SCR et le prix Ira Goldstein Honoree Award de l’Université de New York. De plus, vous avez été désigné Maître/Master par la SCR et l’ACR. Quelle a été votre première pensée lorsque vous avez appris que vous alliez recevoir le Prix du rhumatologue émérite de la SCR?
J’ai été flatté, reconnaissant et honoré de recevoir ce prix. Cela a été un honneur de rejoindre la liste des rhumatologues exceptionnels déjà distingués par ce prix.

Le Dr Hanly recevant le Prix du rhumatologue émérite de la SCR lors
du gala virtuel en février 2022.

Selon vous, quelles sont les qualités d’un rhumatologue émérite?
Cette désignation s’applique, je l’espère, à une personne ayant contribué à faire avancer la prise en charge des patients atteints d’une maladie rhumatismale.

Quelle est votre nourriture ou cuisine préférée?
Celle de ma femme!

Quelle est votre destination de vacances de rêve?
Le Kenya pour un safari et la Nouvelle-Zélande pour le tourisme.

Combien de tasses de café vous faut-il pour avoir une journée productive?
Deux.

Nous savons que vous avez un jumeau identique, lui-même éminent médecin, qui vit actuellement au Canada. Comment vos parcours professionnels respectifs se sont-ils imbriqués et comment vous êtes-vous aidés mutuellement pour réussir professionnellement?
Le lien fraternel qui unit des jumeaux identiques est spécial et probablement unique. Mon frère et moi avons tous deux poursuivi une carrière universitaire en médecine dans des spécialités différentes. Nous avons vécu des expériences communes et nous nous sommes parfois conseillés mutuellement, que ce soit dans le domaine universitaire ou sur le plan politique. Nous sommes tous deux mariés à des personnes merveilleuses et influentes, qui sont également des médecins travaillant dans le milieu universitaire et qui ont elles-mêmes connu beaucoup de réussite dans leur carrière. Mon frère et moi avons toujours une passion commune, en dehors du travail, pour le jardinage, la pêche à la mouche et le rugby (nous sommes des supporteurs inconditionnels et de longue date du Rugby Munster et de l’Irlande).

John G. Hanly, M.D, FRCPC
Professeur de médecine et de pathologie,
Directeur de recherche,
Division de rhumatologie et Département de médecine,
Université Dalhousie et Queen Elizabeth II Health Sciences Center,
Halifax (Nouvelle-Écosse)

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