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Automne 2020 (Volume 30, numéro 3)

La renaissance de la SCR

Par le Dr Jean-Luc Senécal,
président de la SCR de 1992 à 1994

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À la demande du comité de rédaction du JSCR, j’ai le plaisir d’écrire sur les réalisations de la SCR durant mon mandat de président de 1992 à 1994.

En 1987, j’ai reçu un appel d’André Lussier* (Université de Sherbrooke), président de la SCR. Le Dr Lussier m’a invité à soumettre ma candidature au comité de direction de la SCR. Pour vous donner une idée du contexte, j’avais obtenu quatre ans plus tôt une bourse de trois ans en rhumatologie pour étudier les maladies auto-immunes systémiques à l’Université du Connecticut, à Farmington, au Connecticut, aux États-Unis. À mon retour à l’Hôpital Notre-Dame de Montréal en 1983, j’avais fondé le Laboratoire de recherche en auto-immunité et la Clinique des maladies des tissus conjonctifs, qui existent encore tous deux à ce jour, et j’ai été professeur adjoint de médecine à l’Université de Montréal. Mes recherches ont été financées par une subvention d’exploitation offerte par le Conseil de la recherche médicale du Canada (les futurs IRSC) et j’ai bénéficié d’une bourse salariale de la Société de l'arthrite. J’ai été profondément honoré par l’invitation du comité de direction de la SCR et la reconnaissance nationale qui en découlait, et ce, malgré ma jeune carrière de rhumatologue. J’ai donc rapidement accepté l’invitation du Dr Lussier. Je ne soupçonnais pas le difficile mandat qui m’attendait!

Une fois élu, j’ai été membre du comité de direction de 1988 à 1990. En 1990, Paul Davis (Université de l’Alberta) a été élu président pour la période de 1990 à 1992, j’ai été élu vice-président et François Beaudet (Université de Montréal), trésorier. À l’époque, les ordinateurs étaient énormes et lents; Internet, les cellulaires, Zoom et Skype n’existaient pas et les appels interurbains coûtaient cher. Ainsi, nos communications d’un bout à l’autre du Canada se faisaient essentiellement par lettre et télécopieur.

Le Dr Lussier était un rhumatologue exceptionnel et très intelligent. Il avait mentionné que la SCR avait une tradition voulant que la présidence alterne entre président anglophone et président francophone. Je soupçonnais donc qu’il me voyait, en 1987, éventuellement succéder à Paul Davis.

En effet, en 1992, j’ai été élu à la présidence de la SCR, dont le comité de direction était remarquable : Barry Koehler, vice-président (Barry exerçait alors à Thunder Bay, en Ontario), Paul Davis, président sortant, François Beaudet, trésorier et Dafna Gladman (Université de Toronto), conseillère. À cette époque, ma femme et moi étions les fiers parents de trois enfants âgés de 7 ans, 5 ans et 1 an!

la SCR, il faut savoir que les réunions annuelles autonomes de la SCR n’existaient pas encore à ce moment-là. La réunion annuelle de la SCR avait lieu en même temps que celle du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada et des sociétés participantes.

Dans le cadre de ses mandats antérieurs, le comité de direction de la SCR avait progressivement pris conscience que cela n’était pas nécessairement avantageux pour la SCR, car nous avions constaté avec inquiétude une diminution de la présence des rhumatologues. En outre, la tenue de la réunion de la SCR en même temps que celle du Collège royal était coûteuse et, rétrospectivement, n’était pas absolument bonne pour l’image de la SCR et notre identité en tant que rhumatologues, étant donné que nous nous noyions dans un océan d’autres spécialités bien plus vastes que la nôtre.

La réunion annuelle du Collège royal qui a eu lieu du 11 au 14 septembre 1992 à Ottawa a marqué un tournant, plutôt catastrophique du point de vue de la SCR. Sur un total de plus de 200 membres, seuls quelque 25 rhumatologues y ont participé. Si je me souviens bien, la séance de présentation des affiches de la SCR a eu lieu au deuxième sous-sol labyrinthique du Centre des congrès dans une salle pratiquement vide. À la fin du congrès, il ne nous restait que quelques milliers de dollars dans le compte de banque de la SCR. L’organisation était au bord de la faillite!

De mon point de vue et de celui de mes collègues, la SCR était moribonde et, si rien n’était fait, l’attrition du nombre de membres et l’assèchement du flux de trésorerie risquaient de lui être fatal. Que pouvions-nous faire?

J’ai suggéré au comité de direction que la seule manière de faire renaître la SCR de ses cendres consistait à tenir la réunion annuelle indépendamment de celle du Collège royal.

Oh là là! Un tel point de vue était impensable étant donné l’existence de liens très étroits avec certains des membres universitaires de la SCR qui jouaient un rôle important au sein du Collège royal. Comment m’est venue cette idée? J’ai probablement eu cette idée parce que la certification pour la pratique spécialisée au Québec était différente de celle des autres provinces : au Québec, le droit d’exercer est accordé par le Collège des médecins du Québec et la certification du Collège royal n’est pas obligatoire (bien qu’elle était jugée comme telle pour les nominations à des postes universitaires). De plus, j’ai souvent pensé qu’il était peut-être plus naturel pour moi d’envisager de tenir l’assemblée annuelle de la SCR séparément de celle du Collège royal puisque j’habitais dans une province où l’indépendance politique était depuis longtemps un sujet d’actualité! Après de nombreuses discussions, maintenant notre position malgré l’opposition du Collège royal et de certains membres de la SCR, le comité de direction a approuvé à l’unanimité le principe de la tenue autonome des futures réunions annuelles de la SCR à partir de 1994.

Il a ensuite fallu déterminer à quel moment et à quel endroit se tiendrait l’assemblée annuelle de la SCR. J’ai proposé que les réunions alternent entre l’Ouest et l’Est du Canada. J’ai aussi recommandé de tenir la réunion de 1994 au lac Louise, en Alberta. Le conseil d’administration m’a nommé organisateur de la première conférence d’hiver de la SCR, qui a eu lieu du 24 au 26 février 1994 au Château du lac Louise. Sous la présidence de Barry Koehler, la deuxième conférence d’hiver et l’assemblée annuelle de la SCR de 1995 se sont tenues au nouvel hôtel Château Mont-Tremblant, à Mont-Tremblant, au Québec. L’industrie pharmaceutique a pleinement soutenu les efforts de la SCR.

Le succès de ces réunions a été aussi instantané qu’extraordinaire. La réunion de 1994 a attiré plus de 200 participants de partout au Canada, dont beaucoup étaient accompagnés de membres de leur famille. Le sentiment d’appartenance, de camaraderie et de maîtrise de notre destin qui en est résulté a été décisif dans le lancement d’une SCR rajeunie, dynamique et fière. Ces décisions ont marqué un tournant dans l’histoire de la SCR et, en plus de nombreuses autres décisions clés prises par les présidents et membres du comité de direction qui ont suivi, ont ouvert la voie à l’association autonome et prospère qu’est devenue la SCR.

J’ai eu la chance d’être conseillé par un comité de direction remarquable et sage. À ce jour, la renaissance de la SCR entreprise par le comité de direction de 1992 à 1994 représente une réalisation collective dont je suis très fier. Je serai à jamais reconnaissant envers les membres de la SCR de leur confiance et leur fidélité.

Merci beaucoup à Barry Koehler, M.D., professeur émérite de l’Université de la Colombie-Britannique pour la révision du présent texte.

* Le Dr Lussier est décédé depuis.

Jean-Luc Senécal, M.D., FRCPC
Maître de la SCR
Professeur de médecine, Université de Montréal
Rhumatologue, Centre hospitalier de l’Université de Montréal
Montréal (Québec)

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