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Été 2016 (volume 26, numéro 2)

Jeune chercheur 2016 :
le Dr Nigil Haroon

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Vous avez accumulé toute une collection de prix de la SCR au fil des années, en gagnant notamment pour le meilleur résumé, meilleur article, excellence en recherche en sciences fondamentales et maintenant : jeune chercheur. Comment la SCR a-t-elle influencé votre cheminement de carrière?
Les reconnaissances à l’échelle nationale sont des indicateurs de succès utilisés dans les revues par les pairs pour accorder des promotions, des subventions, des bourses de carrière, etc. La SCR a mis en place une plateforme permettant aux jeunes chercheurs de présenter leurs travaux, de recevoir une importante rétroaction et d’être reconnus. J’estime que la SCR a immensément contribué non seulement à ma carrière, mais à celle de nombreux autres chercheurs à travers le pays. C’est extrêmement gratifiant de recevoir autant de soutien de votre famille.

Votre capacité à obtenir du financement de recherche est fort louable, avec plus d’un million de dollars reçus comme chercheur principal, en plus d’autres subventions comme cochercheur principal. Quels conseils pourriez-vous nous donner sur la préparation d’une solide demande de subvention?
J’ai eu le grand avantage de commencer ma carrière avec de l’expérience en matière de préparation de demandes de subventions. Durant ma formation en recherche avec le Dr Robert Inman, j’ai participé à la préparation de plusieurs demandes, ce qui m’a donné une bonne idée du langage, du contenu et du style de présentation requis pour rédiger une bonne demande de subvention. Je n’ai pas encore l’impression d’avoir parfaitement maîtrisé la chose, mais c’est un bon début! Vous continuerez à vous améliorer, non seulement avec la pratique, mais aussi avec la quantité de données préliminaires produites, le nombre de collaborateurs dans votre équipe et la preuve de productivité et de succès.

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Le Dr Haroon reçoit son plus récent prix du Dr Inman et du Dr Cory Baillie. 

Êtes-vous une personne matinale ou un oiseau de nuit?
Les deux. Et pas grand-chose entre les deux, malheureusement.

Pourquoi avez-vous décidé de concentrer vos recherches sur la spondylarthrite? Quels liens avez-vous observés entre la spondylite ankylosante (SA) et le domaine plus large des maladies rhumatismales?
Ma fascination pour l’immunologie m’a mené vers la rhumatologie. Pendant ma résidence, j’ai exploré plusieurs voies, y compris une évaluation de la possibilité de prédire l’efficacité du méthotrexate dans le traitement
des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR) en utilisant un essai ex vivo de référence qui a été publié dans le Journal of Rheumatology (JRheum). Après m’être joint à l’équipe du Dr Inman, il était naturel de travailler dans le domaine de la SA et j’étais particulièrement intéressé par la pathogenèse liée au HLA-B27. N’est-ce pas incroyable que même après 40 années de recherche, nous ne connaissons toujours pas le rôle pathogénique que joue le HLA-B27 dans la SA?

Y a-t-il d’autres domaines d’intérêt que vous aimeriez explorer dans le futur? Quels projets prévoyez-vous entreprendre cette année?
Je travaille actuellement sur les liens inconnus entre l’inflammation et la néoformation osseuse dans la SA. Nous avons quelques pistes très excitantes sur lesquelles travaille ma boursière en recherches postdoctorales, la Dre Vidya Ranganathan. Dans mon laboratoire, le Dr Michael Zeng travaille sur les anomalies de la circulation intracellulaire et leur lien avec la SA.

Quelle a été votre première pensée en apprenant que vous alliez recevoir ce prix?
Merci pour toutes les grâces.

Au cours de votre vie, dans combien de villes avez-vous vécu et quelle a été votre favorite?
J’ai vécu dans huit villes et Toronto est définitivement ma favorite.

Vous étiez l’auteur principal d’une étude repère qui a signalé un taux plus élevé de mortalité cardiovasculaire et cérébrovasculaire chez les patients atteints de SA. L’article a considérablement changé le discours entourant les comorbidités associées à la SA et pourrait transformer les soins cliniques pour cette maladie. Quel a été l’élément déterminant de ce projet et quand avez-vous su que vous touchiez à quelque chose de gros?
Les données étaient assez impressionnantes et le nombre même de patients que nous avons pu examiner, grâce aux fichiers de données administratives relatives à la santé de l’Ontario, a été un avantage majeur. Nos données ont été validées dans une certaine mesure par les observations anticipées, y compris la forte prévalence de la maladie intestinale inflammatoire (MII) chez les patients atteints de SA, ainsi que les effets cardioprotecteurs des statines dans le traitement de la maladie cardiovasculaire. Si la réduction de l’ordre de 90 % du risque d’événements cardiaques avec l’utilisation de médicaments anti- inflammatoires non stéroïdiens (AINS) était très excitante, elle n’était toutefois pas, pour être parfaitement honnête, une surprise totale. Cette constatation était d’une grande importance parce qu’elle venait corroborer des rapports antérieurs de réduction de la mortalité avec les AINS chez les patients atteints de PR.

Si vous pouviez être n’importe quelle articulation du corps, laquelle seriez-vous et pourquoi?
L’articulation temporo-mandibulaire (ATM), parce que je pourrais continuer à manger!

Quel talent avez-vous qui n’est pas utilisé avec succès dans votre milieu de travail?
Mes capacités de leadership.

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Un véritable point culminant dans sa carrière.

Vous avez été un des seuls quatre rhumatologues non américains invités à être coauteurs des lignes directrices pour la prise en charge de la spondylarthrite de l’American College of Rheumatology (ACR) récemment publiées. Comment a été votre expérience de travail avec ce prestigieux collectif international? Y a-t-il quelque chose de particulier que vous avez retenu de cette expérience qui guidera vos propres pratiques d’auteur?
Travailler avec une telle équipe d’experts a été une expérience extraordinaire. La productivité et la qualité du travail sont élevées lorsque vous avez des équipes bâties autour d’individus possédant une expertise complémentaire. L’intensité et le niveau d’engagement requis pour compléter le processus du GRADE (Grading of Recommendations Assessment, Development and Evaluation) sont tout simplement incroyables tant qu’on ne l’a pas vécu.

Si vous aviez une « chanson thème » qui jouait chaque fois que vous entrez dans une salle pleine de gens, de quelle chanson s’agirait-il?
The Final Countdown. Mais s’il vous plaît, sans escalier roulant.

Nos sources affirment que vous êtes également un photographe de la nature accompli. Comment voyez-vous l’interaction entre votre art et votre recherche?
La recherche est intense et établir un équilibre dans la vie d’un clinicien et dans la vie d’un chercheur est de la plus haute importance. Les journées sont souvent longues et les nuits sans sommeil. Le niveau de stress peut, à certains moments, grimper et vous devez alors avoir un moyen de laisser sortir la pression. Pour moi, c’est la photographie. J’ai tendance à tout oublier quand je regarde le monde à travers ma lentille. Ce sont mes moments privés de méditation. C’est ce qui me garde sain d’esprit.

Si vous aviez une heure libre par jour, comment la passeriez-vous?
À faire du rattrapage!

Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier dans votre carrière de chercheur à ce jour?
Recevoir le prix Jeune chercheur de la SCR.

Que conseillerez-vous à ceux qui s’intéressent à la rhumatologie et visent une carrière en recherche?
Allez-y! Les possibilités sont illimitées. Il n’y a jamais de journée ennuyeuse dans la vis d’un clinicien-chercheur.

Nigil Haroon, M.D., Ph.D., D.M.
Professeur adjoint de médecine et rhumatologie,
Université de Toronto
Clinicien-chercheur,
Réseau universitaire de santé
Chercheur,
Institut de recherche Krembil
Toronto (Ontario)

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